Mardi 24 Octobre 2023 : Chiang Mai (Thaïlande) - Parc national Toi Inthanon, trek dans la région de Mae Wang dans la tribu des Karens, nuit chez l'habitant :
Nous nous levons vers 7h30 puis allons prendre le petit déjeuner préparé par nos hôtes. Ils préparent nos nouilles aux légumes avec nous dans leur cuisine typique extérieure. Ils les emballent dans des feuilles de bananier préalablement séchés au-dessus du feu. Leur alchimie dans la préparation des repas est magnifique, les taches paraissent si simples dans ce confort tellement lointain de notre mode de vie occidental. Cette petite famille, grand père, le couple et deux enfants, est juste adorable, tout plein de sourires et de gentillesses, nous avons un vrai accueil à la Thailandaise. Nous profitons des plaisirs simples de la vie, observons, apprenons, malgré la barrière de la langue. Nous quittons ce petit coin paisible vers 10h et partons au milieu des rizières. Nous y sommes parfaitement à la bonne période, la récolte commence tout juste en cette fin de mousson. Le soleil est de la partie ce matin, les femmes sont dans les champs sous une chaleur humide déjà bien marquée. Nous mangeons nos nouilles au croisement d’un chemin, juste avant que la pluie s’abatte sur nous. Nous entrons ensuite dans une épaisse forêt, les trombes d’eau rendent le chemin de plus en plus boueux pour finir clairement comme une rivière. Nous sommes trempés de la tête aux pieds malgré nos ponchos. L’ambiance est juste folle perdue au milieu dans cette jungle épaisse, Mimi finit même par craquer un peu avec les deux sangsues qui s’accrochent à elle. La progression en devient difficile, même pour notre « guide » alcoolisé, buvant sa gnole régulièrement depuis ce matin. Son odeur d’alcool n’est pas toujours bien rassurante. Mais après une bonne heure de marche dans ses conditions, sous cette pluie battante, la forêt s’éclaircit pour à nouveau laisser place aux rizières. Nous marquons une courte pause, la pluie faiblit enfin. Nous reprenons la marche, traversons des torrents par de petits ponts brinquebalants et atteignons un petit village de la tribu des Karen au-dessus de la Wang River. Le mode de vie n’a pas évolué ici, les cochons et bœufs vivent sous les maisons perchées sur des pilotis, les poules se baladent tranquillement, les femmes dresse des petits tissus ou s’adonnent au ménage des cabanes, les hommes ne semblent pas présents au village en journée. La vie est une nouvelle fois ici complètement hors du temps, dépaysante et c’est toujours un peu malaisant pour nous, voyageurs occidentaux, de payer pour venir les découvrir. Nous poursuivons un peu plus bas, 15 minutes jusqu’à quelques habitations perchées au milieu des rizières en terrasses, c’est ici que nous passerons la nuit dans ce cadre merveilleux. A la différence d’hier soir, la vue est totalement dégagée sur les montagnes environnantes. Nous sommes bien évidement les seuls étrangers, depuis hier après-midi nous n’avons croisé personne, s’étant éloigné des sentiers battus du Doi Inthanon. Une nouvelle immersion nous attend, avec un confort sommaire pour cette soirée, ce qui ne fait bien sûr pas de mal, au contraire. Nous profitons totalement restant dehors du coucher du soleil et l’arrivée progressive de la nuit dans cette ambiance paisible. Vers 18h15, nous nous servons un nouveau festin complet, patates, viandes, curry, riz, parfois bien bien relevé. Nous finissons le ventre complet avec des saveurs plein les papilles. Nous passons la nuit dans une petite cabane avec un fin matelas posé au sol, totalement romantique encore et surtout seuls au monde.
A propos des Karens : La première mention explicite documentée du mot « Karen » remonte au milieu du 18e siècle. Pourtant, ce peuple probablement originaire des hauteurs de l’Asie centrale occupait déjà l’actuelle Birmanie au 8e siècle avant Jésus-Christ. Bien que les Karens constituent aujourd’hui la plus grande minorité tribale en Birmanie, et la tribu du Nord de la Thailande la plus importante, leur intégration demeure laborieuse, même après la cessation des revendications séparatistes qu’ils ont longtemps formulées, notamment en Birmanie.
Avec une population estimée à plus d’un million de personnes en Thaïlande, la tribu Karen forme la plus grande tribu du peuple des collines. Paradoxalement, ce sont les Karens thaïlandais qui ont accaparé l’effort de documentation historique des académiciens, bien qu’ils soient au moins 7 fois moins nombreux que les Karens de Birmanie.
Distance du jour parcourue à pied : 12 km
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