Carnet de notes

Par Guillaume D - mis à jour : octobre 2021

Les meilleurs trips sont souvent les plus inattendus.

 

Les plus belles rencontres, comme les voyages, sont de celles que l'on n'attend pas.

 

Pour moi, la souffrance fait partie intégrante de l'alpinisme, c'est même un élément qui le définit. S'aventurer sur des territoires extrêmes soulève toujours la même question : êtes-vous capable de supporter ces difficultés ? Je crois qu'on apprend à mieux se connaître dans la souffrance qu'en restant dans sa zone de confort.

 

La biqualification est naturelle chez nous, pour que nous puissions avoir plusieurs métiers et vivre à la montagne toute l'année.

 

Mon amour pour la montagne est incroyable, et je reste passionné par ces cinq grands éléments où l'aventure peut s'exercer : la montagne, la mer, l'air, les volcans et les déserts. 

Voyage en Inde - Himalaya : 14 août 2012 : Trek Zanskar & Ladakh : Etape 13 : Hanumil - Parfi La (3970 m) - Snertze (3830 m)
Voyage en Inde - Himalaya : 14 août 2012 : Trek Zanskar & Ladakh : Etape 13 : Hanumil - Parfi La (3970 m) - Snertze (3830 m)

 

La haut, personne ne fait trop attention ni aux odeurs ni à l'hygiène, qu'il est bien difficile d'entretenir en l'absence de douches ou avec les canalisations gelées et le papier toilette rationné... Nous nous débrouillons donc pour avoir les dents propres et nous rincer l'entrejambe de temps en temps : le minimum syndical pour ce trip où l'important réside dans la nature alentour et la trace qu'on espère y laisser. La vraie vie quoi !

 

La saisonnalité. L'été est mieux pensé à la mer. Une bonne moitié de l'année lui est consacrée. En montagne, allez savoir pourquoi, nous l'avons réduit à une courte fenêtre, quelques semaines tout au plus. Mi-juillet mi-août les bons crus. Juste avant, les névés se feront gênants ; juste après, ce seront les premières neiges. Chaque été une éclipse de soleil, ça vous pause l'offre touristique.

 

La cherté, principe fondateur de l'adhésion populaire, toute activité gratuite est une inactivité, au mieux une occupation. Quelle drôle d'idée que ces lacs, rochers et via ferrata offerts à tous ? La gratuité entretient le doute, éveille le soupçon. Copions les marginales sudistes ! Un cabanon, un portique, un caissier mal luné et quinze euros la demi-journée voilà une invitation ; 10% de remise pour l'illusion, le tour est joué. Vous joueriez au minigolf s'il était gratuit ? Payer rassure, le prix, de tout temps, a fait la valeur. Au refuge du Trient, le litre de Cristaline est à 10€ et ils ont un monde fou. La preuve.


"La montagne n'échappe pas à l'évolution de la société et du tout sécuritaire conduisant à ce que l'on prenne moins de risques et que l'on veuille être certain des conditions d'un itinéraire avant de s'y lancer..." (M. Maynadier).

Jamais sans mon topo ?

Les descriptions techniques excessivement détaillées tendent à réduire considérablement la possibilité de la découverte et les satisfactions incomparables qu'elle procure. "Le topo ouvre l'espace et en même temps il le referme" (P Bourdeau).

Perçu comme un réducteur du potentiel de découverte (du monde et de soi) certains le voient au contraire comme un outil d'incitation à l'exploration. L'expérience de la montagne, sans surprise, serait donc dégradée, appauvrie. Le droit de se perdre, d'errer, de chercher au milieu des montagnes et de ses dangers est une recherche de sens fort. S'engager en montagne sans topo est une liberté essentielle.

Le topo parfait est donc qu'il doit être une invitation guidée tout en laissant une part d'inconnu et d'aléas, enjeu paradoxal principalement pour nos pratiques étant des activités de découvertes.

Gravir une montagne, ça sert à quoi ?

 Dans l'absolu, gravir une montagne ne sert à rien. Éventuellement à flatter l'égo de son auteur. À nourrir ces infinis bonheurs qui construisent la sérénité d'une âme. Ou à célébrer le dépassement de soi, la contemplation d'une beauté infinie, la réalisation d'objectifs personnels et/ou de rêves intimes. Parfois même à transmettre un message, un état d'esprit, voire à donne

r du sens à une vie. Ce n'est pas pour rien, me direz-vous. Certes. Vous avez raison. Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle les Hommes continueront sans doute encore longtemps à gravir des montagnes.

 

 


Je reste passionné par ces cinq grands éléments où l'aventure pour s'exercer : la montagne, la mer, l'air, les volcans et les déserts. N'amenez pas en montagne ou en voyage les défauts de la ville occidentale, sa pollution et ses comportements !

Voyage Inde - Himalaya : 15 août 2012 : Trek Zanskar & Ladakh : Etape 14 : Snertze - Hanuma La (4750 m) - Lingshed (4020 m)
Voyage Inde - Himalaya : 15 août 2012 : Trek Zanskar & Ladakh : Etape 14 : Snertze - Hanuma La (4750 m) - Lingshed (4020 m)

La montagne nous rend modestes !
Moi, j'aime la joie de me surpasser, mais même si je souffre à certains moments, c'est le sourire qui importe.

Et si j'avais un message à vous faire passer, ça serait : grimpez avec des potes, partagez vos passions. Ne soyez pas des moutons, choisissez des endroits où vous pourrez vivre vos aventures, loin des foules... Il est inutile d'aller au Cervin ou au Mont Blanc en plein été, préférez d'autres moments, n'amenez pas en montagne les défauts de la ville, sa pollution et ses comportements !

 

C'est qu'à prendre goût à la montagne, on aurait tendance à lui préférer ses versants calmes et vierges de pylônes. Cette préférence est une histoire de goûts mais aussi d'éducation et d'opportunités. Tout le monde n'a pas eu la chance de grandir au fin fond de la Vallée Verte ou du Beaufortain, faisant ainsi rimer montagne et ruralité ou parfois au beau milieu des stations de montagne.

Écris-moi l'alpinisme - Ce besoin de raconter.

Au retour d'une course, l'alpiniste raconte. À son voisin, à sa maman, à ses collègues, à son Facebook. "La montagne est un terrain qui donne l'envie du récit, une matière à raconter des aventures". "Tout alpiniste a ce besoin de témoigner, lui-même suscité par le sentiment d'avoir vécu là-haut quelque chose d'exceptionnel. On veut partager certes, mais on veut aussi dire sa joie et/ou se valoriser aux yeux de ceux qui ont eux aussi vécu une telle expérience" (B. Amy). "A chaque fois que l'on va en montagne, on vit quelque chose d'exceptionnel, hors de l'ordinaire, il faut qu'on le raconte". Après une expédition, quand vient le moment de retrouver le monde d'ici-bas, on a le sentiment d'avoir été ailleurs, retranchée, inatteignable. Le temps passe, la vie se peuple de petits riens rassurants et apaisants. Puis le social revient. Les moments insignifiants finissent par devenir fades. Une des singularités de l'alpinisme, quoi que l'on ait pu dire au préalable, reste néanmoins sa difficile visibilité. L'alpinisme se joue loin, à peu, isolé des passants curieux, imperceptible au regard de la société. La haute-montagne est un lieu à forte valeur affective, qui passe difficilement aux yeux du grand public. La montagne n'est pas qu'affaire de grimpeurs : elle se donne à tout amateur de nature, de philosophie, d'espace (J-C Legros).

La montagne libre est-elle en danger ?

Depuis 40 ans, nous sommes dans une politique du "tout sécuritaire". Nous avons ainsi connu successivement la ceinture de sécurité obligatoire en voiture, les sièges pour enfants, le contrôle technique et maintenant les 80 km/h sur route nationale. Et tout ceci partant du bon sentiment de vouloir à tout prix protéger notre intégrité physique. N'es-ce pas trop ?

La pratique du trail :

Existe-t-il vraiment un esprit montagne chez les pratiquants ? Ou se contentent-ils de suivre des flèches fluorescentes dans la montagne dans une optique de performance pure, sans vraiment regarder ce qu'il y a autour ?

"Le ski de poudreuse... est ce qu'il y a de mieux dans le ski. Pour chaque skieur, la poudre signifie une forme totale de liberté mais pour le coup, il ne s'agit pas de la recherche d'une quelconque perfection technique mais seulement d'une quantité, d'en faire toujours plus... La quantité plutôt que la qualité, pour une fois, au-delà de l'équipement, de la forme et du niveau du skieur. La puissance d'une journée de poudreuse prend aussi sa source dans cette forme d'éloignement de la foule qu'elle propose, de s'immerger dans un endroit sans trace, sans remontées mécaniques ni personne. Juste un face-à-face avec la neige. Presque dans un autre monde." Powder 1972

La montée en puissance des sports d'action outdoor s'est faite autour de "l'âme" véhiculée par ces disciplines, cet esprit que le foot n'aura jamais, cette nuance qui fait d'un sport un "mode de vie". Cette âme donne une appartenance, code un langage mais aussi des usages, des manières d'être et de paraître. Une puissance qui rend ces sports différents, qui les métamorphoses en "spirituel", philosophique, bref, qui les dépasse, les grandit, les magnifie. L'escalade, le surf et le ski sont sûrement les têtes de pont de cette vision ou de cette manière d'être un peu à part et pour le moins, pas comme les autres activités. Plus que la pratique en elle-même, c'est la montagne qui génère ce supplément d'âme. Mais ce qui la sublime, c'est la poudre, powder, nieve polvo, pulver schnee, peu importe son nom tant qu'elle est légère et à disposition. Cette expérience ultime s'incarne en ski dans le "face shot" en poudreuse, lorsque l'on s'enfonce tellement que la gerbe de neige nous passe au-dessus de la tête, que l'on se retrouve à chercher sa respiration, à quasiment se noyer avant de se reprendre et de remonter son Buff pour ne pas étouffer.

Pourquoi la poudreuse attire d'avantage aujourd'hui qu'hier ? Parce que les domaines skiables se ressemblent de plus en plus ? Que le spectre du réchauffement climatique fait craindre que la poudreuse devienne une denrée rare ? Qu'il faut en profiter rapidement ? Ou que, comme le veut le cliché habituel, la poudre est comme une drogue : une fois qu'on y a gouté, on ne peut plus s'en passer ? Peu importe la raison finalement à partir du moment où l'on s'accorde sur le fait que le leitmotiv "on veut de la poudreuse" est devenu le nouveau "on veut des remontées modernes" d'il y a quelques décennies.

Voyager permet de s'extraire de son quotidien et de prendre conscience des changements considérables qui affectent notre territoire, en raison de notre exploitation des énergies fossiles. Une force apparemment irrésistible menace l'habitabilité de vastes régions de la planète. Il n'appartient qu'à nous de la ralentir, voire de la contrer, si nous voulons vraiment préserver ces lieux que nous chérissons.