Qu'est ce qu'un glacier ?

Un glacier est une masse de glace plus ou moins étendue qui se forme par le tassement de couches de neige accumulées.

Écrasée sous son propre poids, la neige expulse l'air qu'elle contient, se soude en une masse compacte et se transforme en glace.

 

Tout comme chaque rivière est unique par ses caractéristiques, aucun glacier ne ressemble à un autre.

Il est cependant possible de distinguer certaines caractéristiques récurrentes et s'appliquant de manière générale.

 

 

 

 

On peut distinguer trois zones dans un glacier :

-La zone d'accumulation : c'est la partie du glacier où les précipitations de neige se transforment en glace. Elle correspond à la zone des neiges éternelles et par conséquent la glace est rarement mise à nu. La zone d'accumulation correspond en général à 60 à 70% de la superficie d'un glacier alpin ;

-La zone de transport : c'est la partie du glacier où la fonte reste limitée et où le glacier est le plus épais. L'érosion glaciaire y est à son maximum ;

-La zone d'ablation : c'est la partie du glacier où la fonte est importante  etprovoque la diminution de l'épaisseur du glacier jusqu'à sa totale disparition au niveau du front glaciaire qui peut prendre la forme d'une falaise, d'une colline, d'un amas désorganisé de glace, ... De nos jours, cette zone d'ablation remonte de plus en plus en altitude avec l'élévation de la température.

 

La ligne d'équilibre d'un glacier est la limite qui sépare la zone du glacier où le bilan en masse est excédentaire et la zone du glacier où le bilan en masse est déficitaire. Cette ligne d'équilibre est matérialisée durant les mois chauds par la limite entre neige persistante (les neiges éternelles) et glace apparente. La ligne d'équilibre est utilisée pour marquer la fin de la zone d'accumulation d'un glacier.

Ces trois secteurs d'un glacier sont très variables en taille, voire absents sur certains glaciers.

Les différents types de glaciers :


-Le glacier de cirque

Un glacier de cirque est un glacier qui occupe la totalité d'un cirque et ne le quittant pas ou très peu. Il s'agit en fait de la partie correspondant à la zone d'accumulation d'un glacier de vallée. Il possède une zone d'accumulation, une zone de transport réduite et une zone d'ablation.

Exemple de glaciers de cirque :

Le glacier d'Arsine en France

Le glacier Stubaier sur le Jochdohle en Autriche


-Le glacier de versant

Il s'agit d'un bouclier glaciaire qui empâte la partie supérieure d'une pente montagneuse. Assez crevassé.

Exemple de glaciers de versant :

Glacier de la Grande Motte


-Le glacier de calotte

Leur étendue est inférieure à 50 000 km2.

Exemples de calottes glaciaires :

Le Vatnajökull en Islande

Le glacier Cook sur l'île Kerguelen


-Le glacier de plateau

Les glaciers de plateau se situent sur des surfaces planes à haute altitude. En raison de la faible déclivité, leur vitesse d'écoulement est très lente, et les crevasses en général peu nombreuses.

Exemples de glacier de plateau :

C'est en Haute-Maurienne qu'ils sont les plus nombreux : Glacier du Mulinet ou alors les glaciers de la Vanoise.


-Le glacier de vallée

Les glaciers de vallée sont la représentation classique que l'on se fait d'un glacier : un bassin d'alimentation en forme de cirque au pied de pics dépassant de la neige, une masse de glace allongée occupant toute la largeur d'une vallée et un front glaciaire donnant naissance à un torrent.

Un glacier de vallée peut se former à partir d'une seule zone d'accumulation ou de plusieurs. Il peut également recevoir des masses de glaces qui proviennent de glaciers adjacents et venant grossir le flot de glace.

Exemples de glacier de vallée :

La Mer de glace en France 

Le glacier d'Aletsch en Suisse 


-Le glacier suspendu

Un glacier suspendu est généralement de petite taille et est perché sur les flancs d'une montagne. Il n'est composé que d'une zone d'accumulation, parfois une courte zone de transport mais très rarement d'une zone d'ablation. La glace est évacuée par sublimation ou par chute de séracs, séracs qui peuvent donner naissance à un glacier régénéré en contre-bas.

Exemples de glaciers suspendus :

Le glacier de l'Ailefroide

Le glacier de la Momie sur le Pelvoux


-Le glacier de couloir

Se situe, d'où son nom, dans un couloir ou au pied d'un couloir neigeux grâce aux avalanches.

Glacier d'une petite superficie.

Exemple de glacier de couloir :

Aiguille d'Arves

Le bulldozer glaciaire en action


Les moraines résultent de la mobilisation et du transport de matériaux rocheux de toutes dimensions, arrachés par l'action abrasive du glacier en mouvement par les parois de son lit, ou prevenant des pentes qui le surplombent. Ces matériaux sont repoussés sur les marges de la langue glaciaire où ils forment des dépôts constituant la moraine frontale, en avant du glacier, et les moraines latérales, de part et d'autre.

En période de recul, ces formes typées, qui peirsistent longtemps après le retrait du glacier, témoignent des différentes phases de son extension passée, depuis les grandes glaciations quartenaire jusqu'au recul plus récent, consécutif au "petit âge glaciaire".

^ Glacier de Péclet (Ouest), Mai 2015, Massif de la Vanoise
© Guillaume Deschanel - www.montagne-aventure.net


La vitesse d'écoulement du flot glaciaire

Elle varie en fonction d'un très grand nombre de paramètres, de nature :

 

Physique : Plus la pente du lit glaciaire est forte, plus rapide sera l'écoulement.

Climatologique : Une succession de saisons porteuses de neige combinées à des étés pluvieux garantit aux glaciers un bon approvisionnement. L'effet direct est une surcharge en neige qui alourdit la glace et lui confère une célérité légèrement supérieure.

Météorologique : Pendant l'été la chaleur de l'air et l'intense rayonnement solaire font fondre la glace exposée à l'air ambiant. L'eau dégagée par la fusion peut "lubrifier" le fond rocheux et augmente le glissement glaciaire.

Accidentelle : Les écroulements de parois sur un glacier, les tremblements de terre, ou encore les éruptions volcaniques sont des phénomènes susceptibles de démobiliser brutalement un quartier de glacier entier.

Les vitesses d'écoulement se mesurent et font l'objet d'importantes observations actuellement (glacier d'Argentière par exemple).


Glossaire des glaciers

-Ablation : Perte de substance d'un glacier par fusion, vélage, sublimation.

-Alluvions : Dépôts argilieux ou sableux transportés puis déposés par un courant d'eau.

-Avancée : Progression d'une masse de glace vers l'aval lors d'une période où l'accumulation nivale l'emporte sur l'ablation.

-Bédière : Véritable canyon formant des méandres, creusé dans la masse du glacier par un ruisseau superficiel. Certaines bédières peuvent atteindre trente à quarante mètres de profondeur.

-Bilan glaciaire : Cumul des apports (quantité de neige amassée à la surface d'un glacier, au cours de la période d'accumulation) et des pertes au cous de la période d'ablation. Le bilan glaciaire, calculé en mètre cube, peut être déficitaire, nul ou excédentaire.

-Bloc erratique : Un bloc erratique est, un fragment de roche de taille relativement importante et qui a été déplacé par un glacier parfois sur de grandes distances. Lors de la fonte du glacier, le bloc erratique est abandonné sur place.

-Broyage : Pulvérisation de blocs produite au contact entre la semelle glaciaire mobile et le lit rocheux.

-Bulbe glaciaire : Se dit d'une langue glaciaire qui, contenue à l'intérieur d'une vallée encaissée, s'épanche ensuite dans un espace plat. Elle s'étend alors pour prendre une forme caractéristique de bulbe d'oignon.

-Cannelure : Sillon linéaire plus profond qu'une strie, entaillant la surface du lit glaciaire rocheux sur quelques centimètres de profonder.

-Carottage glaciaire : Action visant à prélever un échantillon cylindrique d'une masse de glace, afin d'y effectuer des analyses.

-Chute de Séracs : Une chute de sérac décrit l'écroulement soudain d'un ou plusieurs séracs vers l'aval, potentiellement extrêmement dangereux pour les alpinistes ou les villages pouvant se trouver en contrebas. Les blocs de glace se fracturent en blocs plus petits, et une partie de la glace peut fondre, provoquant des laves torrentielles et/ou des coulées de boue.

-Cirque glaciaire : Situés à l'amont des vallées glaciaires, les cirques glaciaires sont des dépressions de forme semi-circulaire, entourée de versants raides, que l’on trouve en montagne, qui est ou qui a été occupée par un bassin d’alimentation glaciaire, simple glacier de cirque ou glacier plus long.

-Cirque nu : Amphithéatre rocheux crée par gélivation, libre de toute occupation de glace.

-Cône proglaciaire : Cône formé par l'accumulation de débris charriés par un torrent émissaire d'un glacier.

-Confluence glaciaire : Jonction de deux langues s'écoulant alors de manière conjointe.

-Courant de glace : Masse glaciaire s'écoulant de manière concentrée au fond d'une auge.

-Crevasse : Une crevasse est une ouverture naturelle dans un glacier. Les crevasses sont dûes aux mouvements des glaciers qui se cassent en s'adaptant à la pente, lorsque cette dernière devient importante. On les trouve généralement perpendiculaires à la ligne de pente. Elles mesurent de quelques centimètres de largeur à plusieurs mètres. Leur profondeur peut aller jusqu'à 50 m et au-delà.

-Crue glaciaire : Période caractérisée par une importante accumulation favorisant l'embonpoint des glaciers. Le front du glacier progresse alors généralement vers l'aval.

-Culot de glace fossile : Croûte de glace de faible épaisseur enfouie sous une couverture morainique.

-Culot de glace morte : Quartier d'un glacier qui s'est détaché du corps principal suite à un morcellement intervenant en période de forte fusion.

-Cuvette terminale : Zone de surcreusement glaciaire, témoignant d'une phase de stagnation du front glaciaire.

-Décrue glaciaire : Période caractérisée par une intense ablation.

-Défluent principal : Corps principal du glacier dans lequel se raccordent des artères glaciaires secondaires.

-Delta proglaciaire : Plage de dépôts.

-Diagenèse : Transformation progressive de la neige en glace.

-Diffluence glaciaire : Langue glacière divergente qui ne rejoint aucun glacier.

-Eaux marginales : Ensemble des eaux qui s'échappent du glacier, à la surface de la marge glaciaire.

-Eaux glaciaires souterraines : Ensemble des eaux qui s'échappent du glacier et s'infiltrent dans un réseau karstique.

-Ecoulement intraglaciaire : Ecoulement s'effectuant à l'intérieur du glacier par l'intermédiaire de chenaux.

-Ecoulement juxtaglaciaire : Ecoulement s'effectuant en bordure ou en profondeur du glacier. Dans ce dernier cas, l'écoulement est plus justement qualifié d'écoulement sous-glaciaire.

-Ecoulement laminaire : Ecoulement en lames ou couches, sans mélange, par opposition à turbulent. Dans une "surge" ou "avance catastrophique" on passe du laminaire au turbulent.

-Ecoulement par extrusion : Sous pression, la glace se moule aux ondulations du lit rocheux et peut jaillir dans les cavités artificielles comme de la pâte dentifrice hors de son tube.

-Ecoulement supraglaciaire : Eaux qui s'écoulent à la surface du glacier.

-Front glaciaire : Partie la plus basse atteinte par un glacier. La position du front évolue en permanence, rythmée par les conditions de l'accumulation et de l'ablation.

-Inlandsis : masse de glace couvrant un relief (calotte du Mont-Blanc...).

-Interglaciaire : Période de réchauffement climatique calée entre deux périodes glaciaires.

-Langue glaciaire : Corps inférieur du glacier, allongé, correspondant souvent à la zone d'ablation ou dissipateur.

-Ligne d'équilibre glaciaire (LEG) : Ligne ou bande marquant la transition entre les zones d'accumulation et d'ablation. Cette ligne prend la position la plus élevée à la fin de la période d'ablation.

-Limon : Roche sédimentaire détritique très fine.

-Lit glaciaire : Espace sur lequel chemine une nappe de glace.

-Moraine : Terme générique désignant autant le matériau allogène (moraine de fond, moraine superficielle...) que l'édifice construit par son accumulation (moraine médiane, frontale, latérale...)


Pour aller plus loin, un superbe ouvrage :

 

Guide-découverte des glaciers alpins

Hugo MANSOUX / Editions GAP 2005


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Document : Neige et Glace de montagne (glaciers & ski d'été)