15 octobre 2015 : « The 10K Walk », toujours en piste !

Sommet du Licancabur lors de notre voyage en 2014
Sommet du Licancabur lors de notre voyage en 2014

Elliot et Hervé ne lâchent pas prise ! Les deux aventuriers au long cours qui ont entrepris une traversée à pied de Mexico à Ushuaia viennent de fêter, en Bolivie, leur 8ème mois de marche : 1055,6 km au compteur et 4 ascensions (dont 2 à plus de 6000m). Le point en direct avec les intéressés...

« En Bolivie, nous n’aurons marché que sur ce haut plateau désertique situé à 4000 m d’altitude en moyenne. Nous avons été au contact de la communauté indigène Aymara (dont est originaire le président Evo Morales) et avons réalisé, après les Quechua et Incas en Equateur et Pérou, que ces communautés des Andes font face à de nombreuses difficultés.

La Bolivie est le pays le plus pauvre dans lequel nous avons marché. Même s'il est vrai que les communautés des montagnes sont un peu "peureuses", cela ne nous a pas empêché de rencontrer des gens toujours aussi extraordinaires. Les « bonjour « sont timides mais nous n'hésitons jamais lorsque l'on passe dans les villages de fin d'étape (25 km par jour en moyenne) ou près des quelques maisons éparpillées dans ces vastes plateaux à demander l'hospitalité...

Bref, nous cherchons aussi l'hospitalité dans un soucisde découverte et de partage. On en apprend toujours plus de cette manière. C’est bien là un objectif essentiel de The 10K Walk : la découverte culturelle de la réalité des pays traversés. On en apprendra d’ailleurs beaucoup sur la culture Aymara et les rapports difficiles qui peuvent exister entre les gens de l’Altiplano et les gens de la “Selva”. L’altiplano est à cent pour cent derrière Evo Morales, avec notamment la loi antiracisme pour éviter les discriminations vis à vis des Aymara.

La découverte culturelle, c’est aussi le premier soir à Jesus de Machaca. Miguel se démènera pour nous trouver un logement et nous faire un tour un peu spécial de l’église du village : une descente dans la crypte pour voir les ossements des fondateurs de l’Eglise... Un moment unique. Le lendemain, c’est Israel, jeune infirmier en stage dans les centres de santé mis à disposition sur l’altiplano, qui nous a trouvé un logement.

Question ravitaillement, comme nous l'expliquions, cette zone est relativement pauvre et défavorisée par le climat ; seules les patates et autres tubercules poussent. Les camélidés (lamas, alapacas) représentent la source de viande et de revenu pour les pasteurs qui vont vendre les laines lors des ferias (week end sur les places de villages). Les épiceries sont rares dans la pampa mais il est parfois possible de se faire préparer à manger (riz, oeufs, pommes de terre) dans les communautés. Ainsi, il a fallu être très vigilant en ce qui concerne la nourriture et l'eau.

Ascensions en vue...

Heureusement pour nous, Simon Dubuis de Yunka Trek nous a beaucoup aidé dans la préparation de l'aventure et plus particulièrement du ravitaillement. Notre sac est d’ailleurs bien plus lourd en Bolivie. Nous passons ainsi de 11 kg en moyenne en Amérique centrale à 15kg depuis l’Equateur ! Ca pèse sur les genoux et parfois sur le moral... D’autant plus que les conditions climatiques ne sont pas faciles.Au milieu du désert du Sud Lipez, nous arrivons à un hôtel de luxe, évidemment trop cher pour nous. Nous dormons alors avec les chauffeurs des 4x4  de touristes. Nous racontons notre histoire, et apprécions encore une fois la générosité de ces personnes. Ils nous offrent à manger, de l’eau et nous partageons un moment de discussion bien sympathique. Physiquement  "affutés" par les 6 mois de marche précédents, ce sont les ascensions qui ont représenté les plus gros challenges : tout d'abord le Huayna Potosi (6088m) près de La Paz avant d'entamer notre itinérance de deux mois, puis le Nevada Sajama (6542m, le plus haut de Bolivie) après 11 jours de marche, le Tunupa (5370m) près du salar d’Uyuni après 25 jours de marche et le Licancabur (5900m) pour terminer la marche bolivienne le 8 Octobre.Novices dans le trek, l'aventure, et l'itinérance avant de se mettre à marcher, nous étions aussi complétements débutant en alpinisme avant notre première haute montagne en Bolivie... Nous découvrons ainsi un tas de nouvelles sensations et compétences pendant cette année de marche et notre motivation nous permet de réaliser chacun de ces défis. C’est d’ailleurs un gros coup au moral lorsque nous nous arrêtons à 6400m (sur 6542m) en haut du Nevada Sajama. Après une ascension au camp de haute altitude avec 20 kilos sur le dos (matériel technique) et un départ dans la nuit pour “la cumbre » (sommet), rendu plus difficile par la chute de neige survenue le soir même, l’un de nous ne peut pas aller plus loin. Grosse déception pour les deux, et quelques jours un peu difficile le temps de digérer cet échec.

Cette année est effectivement placée sous le signe du dépassement de soi avec toujours le souci de faire plus, plus haut, plus dur. Cet épisode représente donc un moment fort de notre année.

Notre périple bolivien s’est terminé par la traversée du désert du Sud Lipez pendant 15 jours, conclue par l’ascension du volcan Licancabur. Ce fut difficile d’apprécier les paysages pourtant magnifiques. Les journées ont été éprouvantes physiquement et mentalement. Marcher contre le vent et dormir dans le froid glacial ont souvent été notre quotidien. Ce fut pourtant deux semaines assez paradoxales puisque nous traversions un espace censé être un «désert » mais c’est pourtant l’endroit où nous avons croisé le plus de touristes ! De bons moments car voir deux “fous” marcher au milieu du néant alors que tout le monde se balade en 4x4...

Les quatre prochains et derniers mois de marche en Patagonie s’annoncent assez corsés; longues autonomies sur Greater Patagonian Tral, ascension du volcan Lanin, 6 jours sur le glacier Circo de los Altares,  le parc de Torres del Paine et pour finir 25 jours de pampa jusqu’a Ushuaia !

Pour suivre leur périple, rendez-vous ici.


Octobre 2015 : Avis sur le film Everest que je recommande fortement !

Admettons qu’on trainait un peu les pieds. Depuis sa sortie il y a une semaine déjà, c’était plutôt l’ignorance, voire pour certains le mépris, qui dominaient à la rédaction devant cette superproduction à 55 millions de dollars. Il faut dire que la bande annonce dévoilée en juin dernier relevait plutôt de la tarte à la crème hollywoodienne que de la fidèle retranscription de l’ambiance de la haute altitude. Parce qu'il faut en mettre plein la vue en 2'30. Pourtant, Everest, réalisé par Baltasar Kormákur, fait mouche deux heures durant. Les raisons en quatre a priori.

 

1/ Encore une grosse production américaine qui surfe sur la montagne homicide ? 

Bien sûr ! Mais c’est la raison d’être du film : traiter d’un épisode essentiel de l’histoire de l’Himalaya et de l’Everest en particulier. Il ne s’agit pas ici d’un petit drame monté en épingle pour les besoins du sensationnalisme, mais bien du premier gros accident dans l’histoire des expéditions commerciales, ou « guidées », à l’Everest (10 mai 1996, 8 morts, guides et clients confondus). Un drame qui stoppa le rêve d’un toit du monde accessible par tous. Surtout, ne serait-ce pas l’essence même du cinéma que de raconter des histoires exceptionnelles ? La traversée des Bauges à raquettes est splendide, mais nettement moins spectaculaire…Evidemment, les ficelles de l’émotion sont plutôt épaisses, tendance grosse corde statique, notamment dans la seconde partie du film, lorsque la mort rôde. On fera aisément abstraction de ces ressorts lacrimaux.


2/ Mais le film est-il conforme à l’histoire ? 

Le problème est justement qu’il n’y a pas de version officielle de cette histoire. Le récit de Jon Krakauer a fait un temps figure de référence, lui-même ayant atteint le sommet le jour du drame. Journaliste pour le magazine américain Outside, sa présence à l’Everest dans l'expédition du Néo-Zélandais Rob Hall (Adventure Consultants), était justement dédiée au récit d'une telle ascension. Il racontera finalement le drame dans Into thin air (Tragédie à l’Everest, plusieurs éditions françaises). Mais deux ans après, l’un des guides présents sur l'Everest en 1996, Anatoli Boukreev, qui travaille alors pour l’agence Mountain Madness de Scott Fischer, livre sa version des faits dans The Climb (1999). Boukreev y met en cause le rôle de Krakauer lui-même, qui aurait refusé de porter secours à ses côtés aux alpinistes en perdition à cause d’une ophtalmie douteuse. Toujours est-il que le film suggère les questions plus qu’il n’y répond. C’est une habile manière de dire qu’on ne sait pas tout et qu’on ne saura sûrement jamais. Ainsi : 

- Pourquoi n’y avait-il plus autant d’oxygène que prévu au sommet Sud ? 

- Qu’est-ce qui a poussé Rob Hall à conduire un client vers le sommet au-delà des limites du raisonnable ? Les bons sentiments ? Une réflexion biaisée par l’hypoxie ? 

- Pourquoi le ressaut Hillary n’était-il pas équipé avant l'arrivée des alpinistes ? 

- Reste la question de la tempête qui plonge les expéditions dans le chaos. Une dégradation d’ampleur n’était-elle pas prévisible ? Le film donne peut-être trop d’importance au facteur météo dans l’issue tragique des évènements. Il aurait été bon de rappeler qu’une ascension n’est réellement terminée qu’une fois rentré au camp de base et que la plupart des problèmes ont pour origine des facteurs humains.

Surtout, on pourra lui reprocher une présentation parfois caricaturale des personnages :

- Rob Hall est un monstre d’intégrité, de professionnalisme, d’intelligence et de partage. Le cœur sur la main, la corde dans l’autre. Un peu trop « gentil » peut-être dans le film. Un peu trop tout court. Ses bons sentiments envers un client, Doug Hansen, qu’il emmène au sommet malgré l’heure tardive ne seront-ils pas la cause d’une réaction en chaine dramatique ? 

- Jon Krakauer lui-même est plutôt (des)servi. Il n’apparait jamais dans une séquence positive, du moins agréable pour lui. Lorsqu’il ne pose pas ses questions de journaliste façon intello-psy, il est celui qui passe devant les autres au ressaut Hillary, parce qu’il n’a plus beaucoup d’oxygène, ce qui lui sauvera sûrement la vie. Surtout, il reste dans sa tente lorsqu’Anatoli Boukreev lui demande de l’aider, alors que dehors, des alpinistes meurent dans le chaos le plus total. Pas étonnant que Krakauer n’ait pas apprécié le film. Lui prétend « ne jamais avoir eu cette conversation. ».

- Scott Fisher est présenté comme un hippie de la haute altitude. Bronzette en transat, substances illicites et désinvolture quand à l’organisation d’une ascension commune avec Hall, il passe pour le guide léger et peu attentionné envers ses clients. « Ceux qui n’arrivent pas à monter n’ont rien à faire là ». Il y restera. Sa femme a d’ailleurs contesté le portrait qui est fait de lui dans le film. 

- Les personnages des guides et porteurs d’altitude Sherpa sont finalement peu approfondis et leur rôle majeur dans les ascensions de l'Everest n’est pas mis en avant.


3/ Le milieu, les techniques et les « manières d’être » en montagne sonnent faux, non ? 

Eh bien pas du tout. Toutes les scènes filmées en extérieur (réelles donc) sont époustouflantes. Les vues aériennes au-dessus de Namche Bazar, plongées sur les ponts népalais et autres panoramiques sur les sommets sont magnifiques. Il faut reconnaître aux budgets hollywoodiens une capacité à mettre en œuvre des moyens (aériens notamment) encore jamais vus. La 3D n'est pas anecdotique et apporte un peu plus de relief aux scènes les plus vertigineuses. 

Du côté des images de synthèse, là encore, même les connaisseurs seront bluffés par les vues aériennes du col Sud jusqu’au sommet. Certes c’est virtuel, mais la reconstitution offre un plan très intéressant. Du jamais vu et pour cause : c’est quasiment impossible à filmer en hélicoptère vu l’altitude.

On reste quand même perplexe devant la scène de traversée des échelles du Khumbu. La démesure des lieux est bien retranscrite. Seule la chute d’un sérac gros comme un immeuble à 10 centimètres de l’échelle que franchit Beck Weathers sonne faux visuellement, même si ça remarque pose le contexte de l’expé : « Je n’ai pas payé 65 000 dollars pour attendre ». 

Côté technique, rien de trop caricatural ne vient gâcher l’émotion. Aucune incongruité, tel un crampon chaussé à l’envers, ne fait perdre le fil du récit. On est loin de Sylvester Stallone se rattrapant sur deux lames de piolets après une chute de 50 mètres dans Cliffhanger.


4/ Mais l’Everest c’est autre chose non ?

L’Everest est multiple, tout comme le mont Blanc à son échelle. A l’époque des faits relatés dans le film, les pentes de l’Everest commencent seulement à voir défiler les grappes de prétendants. Une remarque du personnage d’Helen est révélatrice du business en plein essor : «Faites que ce ne soit pas une année sans clients au sommet ». Une scène montre également une vaine tentative de coordination par Rob Hall des différentes expés pour le jour d’ascension. Les bases de la concurrence sont posées.

L’Everest de Messner sans oxygène en 1978 n’a rien à voir avec celui de François Damilano et sa cliente en 2013, et encore moins celui, raté, de Ueli Steck, Simone Moro et Jonathan Griffith à la même époque, agressés par des porteurs d'altitude (qui a commencé ?). L’Everest raconté dans ce film est à la fois beau et cruel, comme il l’est toujours en 2015.

Ceux qui trouvent ça trop beau pour être vrai prendront un billet pour l'Himalaya afin de vérifier par eux-mêmes. Ceux qui trouvent ça trop dur et morbide pour être vrai feront de même, en ajoutant une bonne assurance. 


Gazex - PIDA (Plan d'Intervention pour le Déclenchement préventif d'Avalanches)

L'hiver, les pisteurs réalisent des déclenchements préventifs d’avalanches (PIDA). L’été, le matériel doit être entretenu avec notamment les gazex qui doivent être vérifiés, réparés et réapprovisionnés en gaz. Vous n’avez pas le vertige ? Alors c’est parti !
Station : Val'Thorens


16 septembre 2015 : Crash d’hélicoptère : deux pisteurs sérieusement blessés à Tignes


Les photos parlent d'elles mêmes, une pensée à nos collègues pisteurs de Tignes...

 

Deux pisteurs de Tignes ont été sérieusement blessés ce mercredi matin 16 septembre, vers 8 heures, dans un crash d’hélicoptère. Ils étaient quatre pisteurs à bord, en plus du pilote et d'un mécanicien, pour se faire déposer sur un chantier au-dessus du village des Boisses, dans le secteur du barrage, au rocher du Marais. Il s'agissait de réactiver les dispositifs de déclenchement à distance des avalanches après une periode de maintenance survenue cet été (Gazex).

 

À l’approche du sol, l’hélicoptère du Secours aérien français (SAF), qui pourrait avoir été déstabilisé par le vent, s’est violemment posé et a basculé sur le côté. L’un des pisteurs blessés, un homme, a été évacué au centre hospitalier de Grenoble par le PGHM avec un traumatisme crânien pour y subir une série de contrôles et examens. La deuxième victime, une femme, a été profondément coupée à la cuisse et hospitalisée à Bourg-Saint-Maurice pour y être opérée. En fin de matinée, un troisième pisteurs, ressentant des douleurs dans le cou et les cervicales, était sur la route de l'hôpital de Bourg-Saint-Maurice pour effectuer des contrôles et un scanner. Le quatrième est indemne et a pu rejoindre le service des pistes, accompagné par le pilote et le mécanicien.

 

Une enquête menée par la Brigade des transports aériens, attendue sur place, et le PGHM de Savoie a été ouverte et devra déterminer les causes précises de l’accident. Les pompiers de Tignes et un médecin du SMUR montagne de Saint-Jean-de-Maurienne étaient sur les lieux pour participer au secours.

Source : DL


15 septembre 2015 : 7 morts au Dôme des Ecrins : "une avalanche très puissante de 400m de large"

Une avalanche s'est produite ce mardi 15 septembre vers midi sur la voie normale du Dôme des Ecrins (4 015m), vers 3 950m. Sept personnes y ont perdu la vie et une huitième est blessée. 

C'est le gardien du refuge des Ecrins qui a donné l'alerte. Vers midi, une avalanche a emporté huit alpinistes (deux cordées de trois, une cordée de deux) vers 3 950m, sous la barre des Ecrins (4 102m). "Les premiers éléments de l'enquête indiquent qu'il s'agit d'une avalanche très puissante. C’est une plaque à vent qui s'est brisée à l’aplomb de la Barre, au niveau de la traversée vers le Dôme" indique le colonel Christian Flagella, du PGHM de Briançon.

Une plaque à vent de 400m de large

La plaque à vent, "de près de 400m de large et d’une profondeur de 80cm à 1m" toujours selon le colonel Flagella, a emporté les alpinistes dans une chute d’une vingtaine de mètres et les a ensevelis. C'est essentiellement la violence de la chute de neige et de glace mêlée qui a été fatale aux alpinistes. Le colonel Flagella indique également que "certains n'avaient pas de DVA. Reste à déterminer combien exactement."

Sept alpinistes sont décédés tandis que le huitième souffre d’une fracture du fémur et d’un traumatisme crânien. Pour l’heure, son pronostic vital n’est pas engagé. A 16h, les corps des victimes étaient en cours d’identification. Le PGHM a fait évacuer la zone, y compris le refuge des Ecrins. 

Source : Montagne Magazine