BILAN SAISON 2020/2021 : Bilan le plus dramatique des 50 dernières années

Bien que « l’année avalanche » ne soit pas terminée, l’Association Nationale pour l’Étude de la Neige et des Avalanches (ANENA) dresse le bilan provisoire des accidents d’avalanche de la saison.

La saison 2020/2021 est parmi les plus dramatiques des 50 dernières années.

À ce jour, l’ANENA a recensé via ses différents canaux :

- 134 accidents d’avalanche (avalanches qui impliquent au moins une personne emportée)

- 221 personnes emportées

- 29 accidents aux conséquences mortelles

- 39 décès

 

Il s’agit de l’une des années les plus dramatiques depuis la création de l’ANENA (1971-1972) :

- 9ème rang depuis 1971-1972 en termes d’accidents mortels

- 11ème rang depuis 1971-1972 en termes de décès

 

Avec 29 accidents mortels et 39 personnes décédées, l’année 2020-2021 dépasse largement les moyennes annuelles établies à 20 accidents mortels par an et 30 décès par an, depuis 1971- 1972.  

Évolution du nombre d’accidents mortels
Évolution du nombre d’accidents mortels par avalanche et tendance (moyenne mobile 10 ans) – France – 1971-2021


La randonnée à skis, exceptionnellement touchée
.

Cette saison s’inscrit dans le contexte particulier de pandémie de Covid-19 et de fermeture des remontées mécaniques. De fait, la quasi-totalité des accidents sont survenus alors que les victimes pratiquaient la randonnée à skis.

On compte ainsi 27 accidents mortels et 37 décès en ski de randonnée. En comparaison, on compte en moyenne sur les vingt dernières années, pour cette activité :

- 9,6 accidents mortels / an

- 13,2 décès / an

Cette année, il y a donc eu près de 3 fois plus d’accidents mortels et de décès en randonnée à ski qu’en moyenne sur les vingt dernières années.

 

Un mois de mai particulier.

Habituellement, la grande majorité des accidents d’avalanche survient en plein coeur de l’hiver : décembre, janvier, février. Cela a encore été le cas cette saison : 19 accidents mortels ont eu lieu au cours de cette période, soit 2/3 des accidents mortels de la saison.

Mais la particularité de cette année vient sans doute du grand nombre d’accidents mortels et de décès recensés au mois de mai : 7 accidents mortels et 16 décès. En moyenne, on compte plutôt pour ce mois printanier 1 accident mortel et 1 décès.

 

Des victimes aguerries, expérimentées.

D’une manière générale, les accidents d’avalanche touchent plutôt des pratiquants expérimentés et non des novices. Cette année, plusieurs victimes comptent parmi elles des professionnels de la montagne ou des experts.

 

Les skieurs français, mauvais élèves ?

Le bilan français est exceptionnel, mais il est représentatif de l’hiver dans les Alpes et ailleurs. En effet, les bilans actuels sont également défavorables, par rapport aux moyennes annuelles, en Suisse (27 décès, moyenne de 24 décès), en Italie (26 décès, moyenne de 20 décès) ou encore aux USA (37 décès, moyenne de 23 décès).

 

Des explications à cette année dramatique ? 

Quelques hypothèses peuvent venir expliquer cette dramatique année :

- Des conditions nivologiques globalement instables durant une grande partie de la saison sur les Alpes du nord et les Alpes du sud, de début décembre à fin mai (notamment un mois de mai « hivernal » sur son ensemble). Le manteau neigeux a présenté des fragilités tout au long de l’hiver et ce jusqu’à tard dans la saison.

- Un très grand nombre de pratiquants de la randonnée en montagne, dès que les conditions météorologiques le permettaient, alors même que les conditions nivologiques étaient souvent défavorables (successions de chutes de neige ventées suivie de courtes périodes de beau temps, couche instable persistante liée à l’épisode de sable du Sahara).

- Certains accidents survenus dans des secteurs hors-piste des domaines skiables qui, cette année, n’étaient pas hyper tracés et étaient sans doute plus instables qu’une année « normale » d’ouverture. Ces conditions particulières ont sans doute surpris nombre de skieurs de randonnée « en station » qui n’avaient jamais vu d’avalanche à ces endroits. Cependant, cette supposition demande à être confirmée par une analyse plus fine des sites d’accidents.

- des conditions « psychologiques » peut-être défavorables, liées aux mesures de confinement : les pratiquants, en très grand nombre en montagne cette année dès qu’ils le pouvaient, étaient peut-être moins disposés à renoncer aux plaisirs de la poudreuse alors même que le risque d’avalanche était marqué ou fort.

SOURCE : Anena